L'Histoire de l'Olivier - J'olie Marie

L'Histoire de l'Olivier

L'olivier, emblème de paix et symbole de longévité, est l'un des arbres les plus anciens et les plus vénérés du pourtour méditerranéen. Mais son histoire est bien plus complexe que son image de sérénité intemporelle. Remontons dans le temps pour comprendre comment cet arbre, profondément ancré dans nos traditions, a façonné des civilisations entières.

Les origines de l’olivier : l’oléastre, ancêtre sauvage

L’histoire de l’olivier débute bien avant l’apparition de la culture humaine. Les premières traces de l'ancêtre sauvage de l’olivier, appelé oléastre, remontent à 60 000 ans. Présent sur les terres arides du bassin méditerranéen, cet oléastre poussait spontanément dans de vastes régions s’étendant du Moyen-Orient aux côtes occidentales de l’Espagne. Cependant, la domestication de cet arbre ne commença qu’il y a environ 7 500 ans.

Les premiers témoignages de cultures d’oliviers se situent au sud d’Haïfa (Proche-Orient) et dans les Pyrénées-Orientales en Espagne, vers 5 500 ans avant J.-C. Très vite, les peuples de la Méditerranée comprirent que cet arbre n’était pas seulement précieux pour ses fruits, mais surtout pour l’huile qu’ils pouvaient en extraire.

L’olivier dans l’Antiquité : un produit de luxe et de commerce

L’huile d’olive n’était pas qu’un simple produit alimentaire pour les civilisations antiques. Les Phéniciens, les Minoens, les Égyptiens, les Grecs et les Romains l’utilisaient pour de multiples usages : alimentation, soins du corps, médecine, mais aussi pour les rituels religieux. L’huile d’olive devint rapidement une denrée prisée et très recherchée, symbolisant à la fois la prospérité et la pureté.

Les nombreux vestiges de navires marchands coulés dans la Méditerranée, transportant des centaines d’amphores à huile, témoignent de l’importance du commerce de ce produit. L’huile d’olive voyageait loin, franchissant mers et montagnes, pour être échangée contre d’autres denrées précieuses.

Le Moyen-Âge : un usage sacré et taxé

Après l’effondrement de l’Empire romain, la culture de l’olivier se maintint, mais les écrits relatifs à cet arbre deviennent rares. Durant le Moyen-Âge, les taxes seigneuriales frappaient aussi bien les olives que l’huile, ce qui témoignait de leur valeur économique.

Cependant, son utilisation la plus marquante fut sans doute religieuse. L’huile d’olive devint un élément clé dans la liturgie chrétienne : les lampes d’autel devaient être alimentées exclusivement par elle, et les huiles sacrées étaient utilisées pour donner les sacrements. L’arbre, déjà symbole de paix et de sagesse dans l’Antiquité, gagna une dimension sacrée qui perdura tout au long de cette période.

L’expansion mondiale : l’olivier voyage

Avec les Grandes Découvertes des XVe et XVIe siècles, l’olivier quitta peu à peu ses terres méditerranéennes pour s’implanter sur d’autres continents. Emporté par les navigateurs et les colons espagnols et portugais, il fut planté au Mexique, au Pérou, en Californie, au Chili et en Argentine. Il faudra cependant attendre le XXe siècle pour que ces nouvelles régions de production deviennent des acteurs significatifs sur le marché mondial.

L’oléiculture en France : un renouveau inattendu

En France, l’histoire de l’olivier a connu de nombreux hauts et bas. Présent depuis plus de 12 000 ans, la culture de l’olivier se développe réellement dans le sud dès le IVe millénaire avant J.-C. Le paysage oléicole français se structure progressivement, et des huileries apparaissent un peu partout autour de la Méditerranée : Glanum, Les Pennes, Ollioules, Saint-Blaise, Entremont...

L’apogée de cette culture survient au XIXe siècle, où chaque village possède son propre moulin. Le célèbre Savon de Marseille, élaboré à partir d’huile d’olive, fait alors la renommée de la région. Mais l’arrivée des huiles de graine (tournesol, arachide) moins chères, la Première Guerre Mondiale et l’urbanisation marqueront le début du déclin. À la fin du XIXe siècle, les surfaces cultivées diminuent considérablement. En 1956, un hiver particulièrement rigoureux gèle les espoirs de nombreux oléiculteurs : la France ne compte plus que 2,3 millions d’oliviers, contre 23 millions au milieu du XIXe siècle.

Un renouveau moderne

Le XXe siècle sera marqué par une "petite mort" de l’oléiculture en France, avant un véritable renouveau dans les années 1990. La redécouverte des bienfaits de l’huile d’olive sur la santé, grâce à des études démontrant ses effets protecteurs sur le système cardiovasculaire, relance la consommation. Les surfaces cultivées recommencent à croître et les Appellations d’Origine Contrôlée (AOC) voient le jour, garantissant la qualité et l’authenticité des huiles françaises.

Aujourd’hui, l’olivier est de retour dans les paysages du sud de la France, avec environ 4,3 millions d’arbres recensés en 2006. Symbole de résilience, il continue de traverser les âges, offrant ses fruits d’or et son huile précieuse, tout en conservant ce lien intime avec la culture méditerranéenne.

Conclusion : L’olivier, témoin du temps

L’olivier n’est pas seulement un arbre. Il est un témoin vivant de l’histoire de l’humanité. Depuis les premières civilisations du Proche-Orient jusqu’aux plantations modernes en Californie, il a traversé les siècles, portant avec lui des récits de paix, de prospérité et de renouveau. Cultiver un olivier, c’est cultiver un patrimoine millénaire, empreint de sagesse et de résilience, qui continue de nous inspirer et de nourrir notre quotidien.

Sources : 

L'histoire de l'olivier depuis l'Antiquité

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